Très confidentiels il y a quelques années, à l'époque où primeur rimait immanquablement avec Beaujolais, les vins de pays primeurs sont aujourd'hui en progression alors que les AOC primeurs, Beaujolais mais également Touraine, Gaillac ou Muscadet primeur... voient leurs ventes s'effriter. Certes, les 250 000 hectolitres de vin de pays primeur produits dans tout l'Hexagone sont encore peu de chose au regard du demi-million d'hectolitres des seules appellations Beaujolais nouveau et Beaujolais villages nouveau.
Mais cette année encore, de nombreuses animations organisées par l'Anivit (association nationale Interprofessionnelle des Vins de Table et de Pays) dans des brasseries et des enseignes de distribution, laissaient présager d'une hausse des ventes. Des opérations ont ainsi été organisées dans les enseignes Système U, Monoprix et Géant Casino et les vins primeurs étaient mis en avant, notamment par la vente au verre, dans la chaîne Courtepaille, ainsi que dans de nombreuses brasseries fournies par les sociétés Elidis et Richard.
“Nous distribuerons cette année 250 000 cols de vins de pays primeurs” indique par exemple Anne Cohen, responsable développement du Marché vin chez Elidis. “Nous avons donc dépassé notre objectif de progression qui était fixé à 20 %. Ces vins sont faciles d'accès car ils se présentent sous le nom d'un cépage unique et le lancement des vins de pays primeurs a été facilité par la PLV, sets de table et affiches, mise en place avec l'Anivit”.
Outre la facilité d'accès de ces vins monocépages, les vins de pays primeurs ont l'avantage d'être les premiers vins du millésime, mis en vente dès le 3ème jeudi d'octobre, soit un mois avant les AOC primeurs. Une précocité qui peut parfois devenir un inconvénient, forçant les opérateurs à jouer avec le temps, pour parvenir à livrer les vins quelques jours seulement après leur mise en bouteille. “Nous pourrions relancer le débat sur la date de sortie des primeurs” estime d'ailleurs Noël Bougrier, président de la commission publi-promotion de l'Anivit. “Pendant deux ans, les vins de pays primeurs avaient été mis sur le marché le 4ème jeudi d'octobre. Nous pourrions revenir à cette date pour faciliter la mise en marché”. D'autant qu'on ne craint plus le télescopage, à trois semaines d'intervalles, entre la sortie des premiers vins de pays et celle des premières AOC : tous les opérateurs confirment que la période de consommation et de vente des vins nouveaux s'est considérablement raccourcie, l'essentiel des ventes étant enregistré au cours des trois premiers jours qui suivent la mise sur le marché.
Dans leur progression, les vins de pays primeurs profitent aussi de leurs prix très accessibles : entre 2 € et 2,70 € la bouteille, soit à peine plus que les vins de pays vendus le reste de l'année.
Dans le sillage des vins de pays qui enregistrent de bons résultats de commercialisation, (+1,3 % en grande distribution en 2003), l'Anivit veut installer la sortie des vins de pays primeurs comme une véritable fête. Exprimant tout le fruit et la fraîcheur des cépages syrah, sauvignon, chardonnay, gamay, colombard... ces vins semblent en passe de prouver que la simplicité est parfois le meilleurs des atouts pour séduire le consommateur. |